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Cégéka Développements

Basse estime de soi et violence

Pour que nous puissions vivre au mieux malgré une estime de soi vacillante et (très voire trop) faible, notre système cherche une issue. Il peut automatiser des réponses comportementales diverses, avec deux risques majeurs : la disparition et la violence. Dans cet article, nous allons explorer le versant « comportements violents ». Et c’est un peu l’histoire de la goutte d’eau qui fait déborder le vase…

Cécile Gilbert-Kawano de Cégéka Développements parle des risques et de la violence d’une faible estime de soi. L’experte explique comment reprendre les rênes de votre vie et de vos actions et passer de victime à acteur. Grâce à elle, apprenez à vous affirmer dans le cadre d'un fonctionnement collectif, travail d'équipe, manager le stress, l’anxiété et développer un bien-être profond et durable pour booster sa productivité et vivre une vie authentique, personnel et professionnel. Coach, thérapeute et formatrice, Cécile Gilbert-Kawano offre plus de 30 ans d’expérience dans l’accompagnement. Elle est spécialisée dans le leadership, coaching d'entreprise pour manager, leaders et dirigeants ainsi que la résolution des traumas. Elle est aussi responsable formation France de l’approche Eponaquest® de Linda Kohanov et de la formation Connection Focused Therapy ® de Linda Kohanov et Dr Rebecca Bailey. Cécile travaille également avec le Polyvagal Equine Institute, leader mondial de la Théorie Polyvagale avec les chevaux en relation avec la résolution des traumas

Jugement de soi : un cercle vicieux

Comme nous l’avons vu dans l’article précédent, le manque d’estime de soi est, basiquement, un jugement sur soi au niveau de l’identité (« je suis mauvais », dans le sens : « mon être est mauvais », « mon identité est mauvaise »). C’est une des convictions intimes parmi les plus toxiques, parce qu’elle nous coupe de tout ce qui est grand, beau et bon en nous. (Ce grand, beau et bon « ne peuvent pas exister en moi puisque je suis mauvais »).

C’est donc fondamentalement un processus de manque de respect envers soi-même, qui fonctionne en cercle vicieux : on est mauvais, donc on n’a pas de valeur, donc on n’a pas à se respecter… comme on ne se respecte pas, on ne prend pas soin de soi, on ne répond pas à ses besoins… et donc on se juge et on se sent encore plus mal puisqu’on ne fait pas ce qu’il faut pour soi-même, etc.

Prenons l’exemple d’une personne qui a plusieurs fois dans la journée des émotions autres que de la joie – sous ses différentes formes – et produit des pensées négatives et jugeantes :

  • des émotions du type colère, tristesse, vulnérabilité, culpabilité, envie, etc.
  • des pensées du type : « je suis nul », « j’aurais dû… », « je devrais… », « mais pourquoi il me fait ça !? », « mais comment peut-il se permettre !? », etc.

Lorsqu’elle n’utilise pas ces pensées négatives et émotions jugeantes pour agir dans un sens constructif, c’est-à-dire agir en fonction du message délivré par l’émotion, (voir l’article Intelligence émotionnelle : de quoi parlons-nous ?), cette personne rentre alors dans le cercle vicieux de renforcement de la basse estime d’elle-même.

Or, se respecter est un besoin fondamental.

Et la colère dans tout ça ?

Si quelqu’un ne vous respecte pas, l’émotion saine est la colère. Un manque de respect, sous quelque forme que ce soit, est un dépassement de limite. La colère donne l’énergie nécessaire pour restaurer les limites. Elle doit être exprimée sainement bien-sûr, mais c’est l’émotion logique à ressentir sur le moment.

Mais dans le cas où vous ne vous respectez pas vous-même… vous accumulez de la colère que vous tentez généralement de réprimer. C’est même une grosse colère puisque c’est la pire des trahisons : vous violentez vous-même ! Et même si vous exprimez cette colère (« mais je suis c@# !! »), tant que vous ne captez pas le message et surtout tant que vous ne mettez pas en œuvre les actions nécessaires pour revenir à ce qui est juste et bon pour vous, vous accumulez une (très) forte tension interne.

Maintenant imaginons : quelqu’un qui a déjà un mauvais jugement sur soi ET qui a accumulé beaucoup d’énergie et de tension (colère réprimée)… appelons cette personne « Jean ».

Jean est en relation avec une autre personne, appelons-le Hervé. Jean se retrouve avec Hervé et exprime une envie ou un besoin (sous quelque forme que ce soit, plainte ou demande directe). Hervé ne répond pas, mal, trop vite, sans se rendre compte de l’importance de la demande, sans capter que c’est une demande, bref, il ne satisfait pas cette envie ou ce besoin.

Que va faire Jean ? Il est intérieurement plein de tensions accumulées… et il est persuadé (même inconsciemment) de n’avoir pas grande valeur. Autrement dit, il peut manifester un comportement gênant, puisqu’il est de toute façon mauvais, ce serait étonnant même qu’il se comporte correctement, puisqu’il est mauvais… Bien sûr, ces pensées le plus souvent inconscientes.

Jean va donc « se permettre » d’exploser – ce ne sera qu’une manifestation de plus qu’il est mauvais. Il pourrait même se « féliciter » inconsciemment lui-même : « j’avais raison, je suis mauvais ! ». C’est une preuve réconfortante, même si malsaine, qu’il se connaît encore et qu’il a une forme de contrôle dans cette situation où tout lui échappe, malgré le fait qu’il ne comprends sûrement pas ce comportement.

Pour certaines personnes, la religion va renforcer cette basse estime d’elles-mêmes : l’être humain peut se sentir relié à Dieu et continuer à être convaincu qu’elles sont, en tant qu’être humains, fondamentalement mauvaises (lié à la notion d’impureté, l’idée de naître pécheur, tenté, etc.),  – d’autant plus si elles ne respectent pas toujours, ou pas « assez » les commandements de leur Dieu.

Pour d’autres personnes, la foi va être une sauvegarde contre une trop basse estime d’elles-mêmes parce qu’elles se relieront à leur Dieu du mieux qu’elles peuvent et en LE remerciant pour les préceptes qu’IL leur a enseignés et qui sont un cadre de référence, un guide pour s’élever.

La disparition ou démission

L’autre possibilité quand on a accumulé trop de colère réprimée, c’est, au lieu de l’explosion, la démission

  • des émotions du type apathie, soit un mélange de tristesse et d’impuissance
  • des pensées du type « de toute façon je suis trop nul·le pour pouvoir changer, apprendre, m’améliorer ou m’en sortir, etc., ce n’est même pas la peine d’essayer »

Le résultat sera un désinvestissement de sa vie, une sorte d’engourdissement des sens et de la volonté. Certains confondent cette démission, ce désinvestissement, avec la dépression. En fait, les processus sont différents : dans la dépression, il y a souvent des moments ou des phases de colère (contre soi-même le plus souvent, contre les autres ou le système parfois) – pas dans la démission, qui peut prendre des formes plus ou moins intenses (de l’apathie à la déconnexion totale).

Cette disparition ou démission est une nouvelle façon de se trahir soi-même… C’est un renforcement du cercle vicieux de la basse estime de soi !

Des risques de maladies – et un espoir réel !

Associés à une (très) basse estime de soi, les risques de maladies augmentent sérieusement, entre autres les maladies auto-immunes.

Avant de conclure, je tiens à rappeler :

Chacun est responsable de ses actions, que l’on soit en souffrance ou non. Un mal-être, même profond, ne retire pas la responsabilité de celle ou celui qui souffre ni l’importance d’une communication honnête entre vous et les personnes que vous fréquentez.

Si vous êtes vous-même dans une relation où la personne fait peser son manque d’estime sur son entourage, ce n’est pas parce que vous comprenez la raison de cette violence que c’est votre devoir de réparer. Vous ne pouvez pas aider quelqu’un qui ne veut pas être aidé. Vous ne pouvez pas prendre correctement soin des autres sans prendre soin de vous-même. Et votre propre toxicité éventuelle, vos erreurs, vos faux-pas ne justifient pas de subir une souffrance de la part de qui que ce soit.

Cet article n’est en aucun cas rédigé dans le but de vous culpabiliser ou de vous inciter à prendre en charge des choses qui ne sont pas de votre ressort.

Je comprendrais que tous ces risques d’une faible estime de soi vous démoralisent, mais pas d’affolement ! La bonne nouvelle, c’est qu’une basse estime de soi, cela se travaille. En améliorant sa confiance en ses capacités bien sûr, mais aussi et surtout en revenant dans un chemin réaliste en cohérence avec ses valeurs et besoins. Quitte à se faire accompagner, parce que cela n’est pas évident, voir carrément impossible à faire seul·e !

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Crédit photo : Moose Photos

 

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