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Cégéka Développements

Intelligence émotionnelle : de quoi parlons-nous ?

La plupart d’entre nous avons déjà entendu cette expression.  Le terme « intelligence » associé au terme « émotion » est de moins en moins une surprise dans notre monde actuel. Pour autant… savons-nous ce que c’est vraiment et surtout comment une telle compétence peut nous aider à mieux vivre notre vie ?

Qu’est-ce que cette « Intelligence émotionnelle » ?

Quand j’ai commencé à creuser le sujet – il y a plus de 30 ans ! –, je travaillais en tant que formatrice dans une grande entreprise. À l’époque, je me souviens avoir ri intérieurement (il vaut mieux rire parfois…) quand on m’a demandé de déployer une formation destinée aux managers intitulée « Motiver ses équipes ». En effet, cette demande était formulée en même temps qu’on exigeait de ces mêmes managers qu’ils « laissent leurs émotions à la porte du bureau ». Je n’ai jamais compris comment on pouvait « motiver ses équipes » en ayant abandonné la plus grande part de notre moteur interne, nos émotions.

Dans le vocabulaire courant, nous parlons souvent d’émotions quand nous nommons en fait un sentiment, ou une humeur, ou une expérience émotionnelle – et parfois aussi bien sûr quand nous nommons une émotion elle-même.

Sans rentrer trop avant dans les considérations médicales, je vous propose ici d’utiliser le mot « émotion » pour parler d’un processus psychique temporaire lié à des processus physiologiques particuliers. Par exemple : la joie est accompagnée de neuropeptides (neurotransmetteurs) et d’hormones comme la sérotonine, la dopamine, l’ocytocine (en cocktail parfois, selon le type de joie ressentie et selon son intensité). Elle est associée à une accélération cardiaque, une accélération et une amplification de la respiration et une mobilisation du tonus musculaire. Une chose que l’on oublie est que l’émotion n’a pas pour fonction de durer toujours !

L’expression intelligence émotionnelle est apparue en 1990 dans des articles scientifiques écrits par les psychologues et auteurs John D. Mayer et Peter Salovey.

John D. mayer décrit l’intelligence émotionnelle comme « la capacité de comprendre les émotions en soi et chez les autres et d’utiliser ces émotions comme des guides informationnels pour la pensée et l’action » (Larose, 2000).

De plus, selon Mayer et Salovey (Kierstead, 1999) « L’intelligence émotionnelle nous permet de penser de façon plus créative et d’utiliser nos émotions pour résoudre des problèmes ».

Même si elle a été décrite dès 1990, l’intelligence émotionnelle est devenue populaire grâce à Daniel Goleman (écrivain, journaliste scientifique et psychologue), à l’occasion de la parution en 1995 de son livre (devenu best-seller) Emotional Intelligence : Why it can matter more than IQ (traduit en français sous le titre : L’intelligence émotionnelle : comment transformer ses émotions en intelligence en 1997 – suivi de L’intelligence émotionnelle 2 : accepter ses émotions pour s’épanouir dans son travail, en 1999).

À quoi cela nous sert de ressentir des émotions ?

À mieux vivre ! À prendre les décisions utiles et à déterminer les actions efficaces selon les situations que nous vivons.

En effet, les émotions sont l’un des « signaux d’alarme » que notre corps utilise pour que nous prenions conscience d’un fait et que nous adaptions notre action en fonction.

Trop souvent, nous ne ressentons pas l’émotion dans sa forme discrète… et attendons que son intensification nous submerge pour y prêter attention. Nous nous retrouvons alors démuni·es en présence d’un processus qui nous dépasse : l’émotion est trop forte et nous agissons de façon désajustée, disproportionnée – et nous le regrettons ensuite.

Imaginez que votre émotion est la factrice qui vous apporte une lettre. Vous n’allez pas l’ignorer sous prétexte que la lettre est un courrier recommandé dont vous ne voulez pas vous occuper ? Même si vous faites un peu la grimace (trop souvent les lettres recommandées sont annonciatrices de mauvaises nouvelles que nous préfèrerions éviter de traiter…), même si vous n’avez pas trop envie d’ouvrir ladite lettre, vous accueillez la factrice, la remerciez d’avoir fait son travail, prenez le courrier et agissez en fonction de l’information reçue – ne serait-ce que pour éviter d’avoir des difficultés plus importantes à gérer plus tard.

Et vous n’allez pas non plus inviter la factrice chez vous pour qu’elle s’installe dans votre canapé toute la journée et vous dicte ce que vous devez préparer à manger et vous pompe votre énergie heure après heure… Si ?

Pourtant, c’est ce que la plupart d’entre nous faisons avec nos émotions : nous ignorons la factrice (l’émotion) quand elle tape discrètement à la porte ! Nous attendons qu’elle revienne en tambourinant ou alors nous la faisons rentrer et subissons sa loi des heures durant…

Mais comment faire pour être émotionnellement intelligent alors ?

La bonne idée, c’est de commencer par écouter nos émotions. Pas les écouter en nous y soumettant, mais bien les écouter comme des messagères utiles : que me racontes-tu ? Que me conseilles-tu de faire ? Explorer avec curiosité la forme, l’intensité de mon émotion. M’intéresser aux sensations qui l’accompagnent. Être ouvert·e aux envies d’agir qui émergent, et déterminer si ces envies sont cohérentes avec mes valeurs profondes, mes besoins fondamentaux, la qualité de mes relations et mes objectifs de vie. Dans un second temps, je vais distinguer l’action spécifique qui sera utile dans ce contexte. Comment agir dans cette situation pour rétablir un équilibre, un bien-être, une satisfaction profonde ?

Pour cela, je peux aussi m’aider de grilles de lectures qui m’aident à orienter mon regard vers certaines catégories d’action liées chacune à une catégorie d’émotion. Si nous prenons l’exemple de la peur, cette émotion signalerait une menace externe pour mon intégrité physique ou psychique, et l’action recommandée par mon corps serait de trouver le moyen le plus réaliste et le plus efficace de me mettre en sécurité. Vous pouvez trouver de telles grilles de lecture dans les travaux de Karla McLaren*, la « charte des messages émotionnels » proposée par Linda Kohanov** ou les livres de Brené Brown***.

Et revenir au calme…

Ce que j’apprécie particulièrement dans la proposition de Linda Kohanov, c’est sa formulation de « l’agilité émotionnelle » en 4 étapes inspirées de la façon dont les chevaux utilisent les émotions comme source d’information. Avant de rencontrer cette formalisation, je parlais de « spirale vertueuse », avec l’idée qu’une fois l’action réalisée, nous allions vérifier si « tout allait mieux » – si la situation s’était améliorée, si nos besoins étaient à nouveau satisfaits, si nos valeurs étaient enfin honorées, si nous pouvions reprendre avec encore plus de plaisir et d’efficacité la suite de notre existence. Linda nous propose de faire comme les chevaux et de « retourner brouter » – et j’apprécie l’ironie de cette proposition puisque le plus souvent, spécialement quand nous n’écoutons pas nos émotions comme les messagères qu’elles sont, ce sont les chevaux qui broutent, mais les humains qui ruminent

En attirant notre attention sur des points précis de ce qui nécessitent une action de notre part, nos émotions nous invitent à ajuster nos comportements et nos paroles pour que nos vies soient plus et mieux alignées avec ce qui est vraiment et durablement important pour nous. Elles nous aident à prendre la responsabilité de répondre à nos besoins et d’honorer nos valeurs.

Alors, prêt.es à écouter vos émotions ?

* Karla McLaren, créatrice (avec Tino Planks, son mari) du programme Healthy Empathy®, a spécialisé ses recherches autour des processus émotionnels. Elle est surtout connue pour son livre The Language of Emotions: What Your Feelings are Trying to Tell You (2010, en Anglais, non-traduit). Son dernier livre : The Power of Emotions at Work: Accessing the Vital Intelligence in Your Workplace (2021)

** Linda Kohanov, créatrice de l’approche Eponaquest™, a formalisé dans son 4ème livre sur le leadership Comme les chevaux… Ensemble et puissants, 2015 un tableau récapitulatif des émotions principales et de leurs messages

*** Brené Brown, travailleuse sociale, chercheuse et consultante, a écrit plusieurs ouvrages et donné plusieurs conférences (TEDx) pour vulgariser les résultats de ses études sur les émotions que nous ressentons le plus souvent – et comment les voir comme des alliées

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