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Quand la peur et la vulnérabilité parlent de nos désirs

En janvier 2023, je vous parlais de la façon dont la peur pouvait nous être utile. Comme toute émotion, elle est messagère : quand nous la prenons en considération, elle nous apporte des informations utiles pour que nous décidions d’actions plus ajustées. Je voudrais aujourd’hui explorer avec vous une facette souvent oubliée de l’utilité de la peur : le lien qu’elle nous permet de faire avec nos désirs.

peur et vulnérabilité : ce que ça dit de nos désirs

Rappel : pourquoi avoir peur ?

Extrait de l’article du 17 janvier 2023 :

Si l’on en croit les différentes écoles « d’intelligence émotionnelle », la peur est une émotion nous signalant une menace dans notre environnement, menace envers notre intégrité (physique ou psychique). En simplifiant, je pourrai dire que ce serait le moyen qu’aurait trouvé notre Système Nerveux Autonome pour attirer l’attention de notre conscience et lui signaler :

  1. il y a un danger et
  2. tu dois te mettre en sécurité

Donc, pourquoi avoir peur ? Pour rester vivant ! Pour détecter les risques et agir en conséquence.

Le souci, c’est que, trop souvent, nous n’écoutons pas nos signaux internes (sensations, émotions, autres ressentis…) Ou alors nous les écoutons trop et nous faisons un film au lieu de prendre en compte ce qui est présent. (Oui, cela peut être lié à des mémoires traumatiques, mais ce sera l’objet d’autres articles…)

La vulnérabilité, quant à elle, indiquerait plutôt que nous avons à évoluer dans des situations dans lesquelles nous sentons en faiblesse. Par exemple, la peur de parler en public ne signale pas une menace directe sur mon intégrité physique ou psychique. Elle indique plutôt que je dois m’entraîner pour mieux maîtriser les conditions de ma prise de parole en public ainsi que mes compétences dans cette situation particulière. Ainsi, je me sentirai de plus en plus à l’aise et pourrai de mieux en mieux oser cet exercice – si je veux m’en donner l’opportunité et si je m’améliore en me donnant des conditions suffisantes en termes de sécurité ressentie (avancer pas à pas, rechercher un feedback constructif, pratiquer l’amélioration continue dans des cadres bienveillants, faire monter le degré d’exigence petit à petit…)

Ces fonctions hautement utiles des émotions de peur et de vulnérabilité sont complétées par une autre dimension : le fait de nous rappeler ce qui est le plus important pour nous.

Refaire le tour de ce qui est important pour nous

Lorsque nous avons peur ou que nous nous sentons vulnérables – selon les situations, il est bien sûr important de se poser les questions clefs liées à chacune de ces émotions*, comme :

  • « Y a-t-il un danger ? »
  • Si oui, « Comment me mettre en sécurité ? » ou : « Quelle habitude chez moi (de pensées, de comportements, de processus émotionnels…) est remise en question par cette situation ? »
  • Et en complément : « Comment puis-je faire évoluer mes pensées, comportements, réactions émotionnelles ? »

Mais ce qui est souvent oublié, c’est de se poser la question de l’envie, du désir, du feu intérieur… Si j’ai peur ou si je me sens vulnérable à l’idée de faire quelque chose, c’est que je crains de me faire mal, ou de perdre quelque chose, ou de ne pas réussir… C’est donc qu’il y a, derrière la peur ou la vulnérabilité, un motivateur profond – certainement lié à mes Besoins Fondamentaux et Valeurs Profondes. Il y a un ou des éléments que je veux voir exister dans ma vie, quelque chose d’important que je veux honorer, quelque chose que je veux préserver ou construire. Donc lorsque j’ai peur ou que je me sens vulnérable, il est bon que j’explore les deux facettes de ces émotions :

  • La facette du danger ou de la remise en question
  • Celle du désir, de l’envie, du motivateur profond – ce que certain·e·s explorent en creusant le « Pourquoi ? » encore et encore (car les raisons d’agir, liées à nos Besoins Fondamentaux et nos Valeurs Profondes, sont les fondations de nos actions durables)

Débusquer les fausses raisons

En explorant ainsi ces deux facettes, nous pouvons découvrir de « fausses bonnes raisons » de réagir. Ainsi la vulnérabilité nous parle souvent de ce qui est établi et que nous avons du mal à remettre en question : des habitudes, des privilèges, des conforts physiques, mentaux, émotionnels… qui nous gardent au chaud dans un quotidien connu – et, souvenez-vous, notre cerveau aime le connu, qu’il associe – très souvent à tort – à la sécurité (Cf. article « Faciliter le changement »).

Nous pouvons ressentir une émotion très forte – que nous nommons « peur » et qui peut s’intensifier en panique, voire en rage – quand nous voyons ces habitudes risquer de vaciller. Ainsi, je vais vouloir m’accrocher à ce qui me semble facile et normal au lieu d’aller découvrir comment je pourrais vivre plus en accord avec ma bonne santé durable – et donc ma contribution saine et constructive au monde qui m’entoure – si je remettais en question mes façons de faire et apprenais de nouvelles compétences, de nouvelles pratiques.

Se mettre en action

Une fois repérées les sources de danger et/ou les éléments remis en question, une fois listées les envies fortes et sincères, je peux me servir de l’énergie réveillée dans mon corps par la montée de l‘émotion (peur ou vulnérabilité) pour agir. Nos émotions surgissent en nous pour nous mettre en mouvement – et souvent nous réagissons trop vite, « sous le coup de l’émotion », au lieu de prendre en considération le message qu’elles nous apportent. Se mettre en mouvement intelligemment grâce à la peur ou à la vulnérabilité, c’est :

  • prendre le temps de se poser les questions de l’action ajustée par rapport à la situation spécifique dans laquelle nous nous trouvons
  • mettre en œuvre l’action ou les actions requises

Avoir analysé et déterminé quelle(s) action(s) mener ne suffit pas : il faut agir pour que nos émotions ne reviennent pas nous bousculer à nouveau, et plus fortement encore. Ainsi, nous pourrons même passer à l’étape suivante, celle qui nous voit profiter du moment présent.

Alors… prêt·es à utiliser la peur et la vulnérabilité pour vivre encore plus en accord avec vous-mêmes ?

* Par exemple via le tableau proposé par Linda Kohanov, créatrice de l’approche Eponaquest™, formalisé dans son 4ème livre (Comme les chevaux… Ensemble et puissants, 2015).

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Crédit photo : Alex Green

 

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