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Cégéka Développements

Reconnaître une relation toxique

Dans un monde idéal, nos relations sont le lieu de la sécurité, du soutien, de l’accueil, de la possibilité d’apprendre et de grandir, de l’épanouissement, de l’amour sous ses différentes formes bénéfiques. Dans notre réalité quotidienne, il nous arrive d’expérimenter des relations toxiques. Et parfois même, il nous arrive de rester dans une relation toxique. Pourquoi faisons-nous cela ? Comment reconnaître ces relations qui nous font du mal ?

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⚠️ Avertissement de contenu : cet article traite de sujets sensibles ⚠️

Nous ne voyons pas toujours qu’une relation est toxique pour nous

Si c’était simple et évident, nous ne commencerions même pas à fréquenter telle ou telle personne. Ou bien, nous nous éloignerions presque immédiatement. Mais, souvent, une relation ne se révèle comme étant toxique pour nous qu’après un certain temps. Que ce soit volontaire de la part de l’autre, ou complètement inconscient, la toxicité ne se dévoile qu’au fur et à mesure des comportements inadéquats, qui sont :

  • des comportements qui ne changent pas quand on les a repérés, même quand nous parvenons à exprimer notre besoin de changement
  • des comportements qui étaient au départ inexistants ou rares… et s’intensifient et se multiplient petit à petit
  • des comportements qui nous font nous sentir coupables, voire honteux, comme si c’était de notre faute que la personne « doive » manifester ces comportements qui nous font du mal

Quand la toxicité est la seule option

Lorsque nous sommes naturellement dépendants – comme un enfant l’est de celleux qui en sont responsables par exemple – nous n’avons pas d’autre choix que de rester où nous sommes et de subir une relation malsaine. Rester vivant en souffrant des comportements toxiques est une meilleure option que de mourir. En tout cas, c’est l’option première pour laquelle opte notre Système Nerveux Autonome, jusqu’au moment où cette façon de vivre ne sera plus supportable.

Un enfant (du nourrisson à l’adolescent) qui a grandi dans un climat délétère va développer des automatismes relationnels qui le pousseront à se sentir à l’aise dans des relations qui lui font du mal. Tant que cet enfant n’aura pas expérimenté suffisamment de relations saines et nettoyé les mémoires des relations de son passé, la toxicité sera la seule option disponible pour l’enfant, même dans ses relations adultes.

Cette option, la seule que l’enfant conçoive comme disponible, pourra le mener à développer des troubles du comportement et/ou des pulsions suicidaires. Rappelez-vous : les pulsions suicidaires sont très rarement une recherche de la mort. La plupart du temps, elles sont l’expression de la recherche d’une délivrance : en finir avec cette vie qui nous est trop douloureuse – et comme nous ne voyons pas de possibilité de changement, nous imaginons en finir avec la vie, pas seulement en finir avec cette façon spécifique d’être vivant.

Nous pouvons également être « coincé·e·s » dans des relations toxiques au travail, ou par des contraintes physiques ou financières. C’est pourquoi statistiquement, beaucoup de personnes handicapées (mentales ou moteurs) se retrouvent dans des relations toxiques.

Deux fonctionnements naturels dirigent principalement nos automatismes relationnels :

Nous sommes des animaux grégaires

Notre fonctionnement naturel est de rechercher la sécurité dans la présence de nos semblables. Et nous sommes naturellement dépendant·e·s pendant longtemps : l’être humain ne peut pas se nourrir et se mettre à l’abri seul avant plusieurs années – selon les sociétés, disons entre 5 et 15 ans… voire plus si l’on pense aux ‘Tanguy‘ de nos sociétés modernes. Il est donc normal que nous recherchions à vivre en groupe, même si certaines relations ne sont pas confortables, voire sont plus que problématiques.

Notre cerveau confond « sécurité » et « connu »

Pour les parties les plus instinctives de notre cerveau, la sécurité est assurée par ce qui est connu. C’est comme si nous faisions le raisonnement suivant : « j’ai survécu dans telle situation, je sais comment réagir pour rester vivant dans cet environnement, alors même si cela fait mal, je reste là. Au moins, je sais gérer, je sais que je vais survivre ». Alors, nous recherchons le même type de situation ou d’environnement, le même type de relation, pour nous assurer de continuer à rester vivant.

Dans une situation / un environnement / une relation qui ne présenterait pas les mêmes caractéristiques : notre cerveau n’est pas assuré de savoir réagir et survivre. Arrêter ce comportement automatique de rechercher la sécurité dans le connu est doublement difficile puisque, ayant déjà souffert, nous connaissons vraiment la douleur – parfois même une douleur extrême. Nous avons donc tendance à éviter tout risque. Et comme l’inconnu est un risque, nous allons éviter le changement – qui pourtant nous serait bénéfique !

Une relation plutôt que rien

Cette dépendance naturelle au début de notre vie et ces automatismes émotionnels intégrés expliquent que nous puissions être aveugles aux éléments relationnels qui signent une relation toxique. Il faut une grande dose de courage et de conscience émotionnelle pour faire le choix de l’éloignement, de la solitude peut-être, pour aller développer notre bien-être ailleurs et autrement.

Repérer les comportements et paroles toxiques peut être difficile pour la personne qui a développé certains automatismes relationnels : pour une telle personne, subir un comportement qui la fait se sentir mal, « c’est normal », c’est ce qu’elle a toujours connu. Et cela est vécu comme une meilleure option que de prendre le risque d’être seul·e – un inconnu trop dangereux !

Nous faisons donc un très bon travail de détourner les yeux des « red flags » de ces relations. Et ce n’est pas la seule raison de vouloir, même en partie, rester dans ce type de relation. Le contexte est très important, il faut le prendre en compte : les enfants, les finances, la carrière, etc.

Distinguer personne toxique et relation toxique

Une personne n’est pas obligatoirement mauvaise ou toxique en soi. Beaucoup d’entre nous sont de bonne volonté. Nous cherchons à vivre notre vie de façon décente, bénéfique pour nous comme pour les autres. Cependant, nous pouvons agir et communiquer d’une façon qui va se révéler délétère pour une personne spécifique, même sans le vouloir. Nous pouvons par exemple :

  • Réveiller les failles et blessures de l’autre – parfois rien que par un geste, un ton de voix, un regard, l’énergie que nous dégageons. C’est alors l’occasion pour la personne de tomber ou retomber dans ses automatismes de défense, de protection – tout le contraire du choix conscient pour vivre sa vie au mieux
  • Reproduire des automatismes de comportements, même quand l’autre nous a demandé de changer de façon de faire ou de dire – et parfois même si nous voulons sincèrement changer de comportement. C’est alors une lourdeur dans la relation qui peut amener à la culpabilité continue – de soi comme de l’autre.
  • Vouloir faire du bien à l’autre et ne pas savoir comment faire. Par exemple en surprotégeant l’autre – et du coup en l’infantilisant, en lae déresponsabilisant, ce qui est toxique à terme. Ou en étant trop rapide, trop brutal·e, trop évitant, etc. : si nous ne savons pas adapter nos comportements aux besoins de l’autre, nous pouvons lui faire mal sans le vouloir

Ce n’est bien sûr pas une excuse ! Nous restons responsables de nos comportements et de nos actions.

Manipulation, emprise, jeux de pouvoir…

Dans une société qui ne nous a pas suffisamment appris à prendre soin de nous, à reconnaître nos besoins fondamentaux et à les prendre en charge de façon autonome, il est facile de mettre en œuvre des mécanismes relationnels de type Prédateur / Victime. Une société qui a comme fonctionnement établi les jeux de pouvoir à grande échelle est un terreau fertile pour que ces mécanismes s’installent et se développent.

Celleux qu’a favorisé·e la société et qui ont plus d’énergie, de connaissances, de moyens, etc. vont facilement prendre un rôle prédateur (jusqu’à mener des actions criminelles, hélas… Dans certaines situations, c’est par l’action de la justice que la relation toxique doit être arrêtée !). Certains vont adopter ce comportement prédateur inconsciemment, au moins au départ de leur vie. Et de la même façon, celleux qui n’ont pas bénéficié de ces privilèges vont se retrouver plus facilement dans le rôle de victime

Il est important (et absolument nécessaire !!) de transformer notre société, mais c’est une tout autre conversation. En parallèle, à l’échelle des relations interpersonnelles, en tant qu’individu, nous ne sommes pas impuissant·e·s. Nous pouvons apprendre à sortir de ces rôles pour équilibrer les relations et que chacun·e puisse satisfaire ses besoins fondamentaux tout en permettant que l’autre fasse de même. C’est un apprentissage qui prend du temps. Et c’est pourtant le chemin de la meilleure expression de notre humanité.

Reconnaître une relation toxique

J’espère que cet article vous a aidé·e à repérer les signes d’une relation toxique. Comprendre le fonctionnement est le premier pas nécessaire pour s’en défaire.

La semaine prochaine, je me penche sur les méthodes pour s’en sortir !

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Crédit photo : Liza Summer

 

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