Est-ce vraiment une chose si négative ? Au contraire, le doute est utile, nécessaire même. Dans certaines situations, il peut tout simplement être vital. Explorons cela !
Douter pour aller plus loin
Aristote aurait affirmé : « Le doute est le commencement de la sagesse ». J’aime bien cette idée ! En effet, le doute existe lorsqu’on ne prend pas une idée, une pensée, une affirmation pour vraie. C’est donc le premier mouvement du libre-arbitre ! Le doute, c’est se rendre compte que l’on n’est pas certain·e d’être d’accord et s’octroyer du coup une période de réflexion, de vérification.
Pour cela, il faut pouvoir entendre ses sources d’information interne : qu’est-ce qui émerge en nous en présence de ce qui nous est présenté ? En termes d’énergie, d’émotions, d’envie d’action, de pensées, etc. Qu’il s’agisse d’une « émergence » qui vienne de nous ou d’un élément extérieur, lorsque l’on a appris à écouter ses informations internes, nous pouvons alors commencer un processus de validation.
C’est là que douter révèle son potentiel d’action éminemment utile : c’est le moment idéal de rassembler un niveau supérieur d’informations pour pouvoir discerner ce que nous voulons vraiment, ce qui est réellement important pour nous, ce qui semble profondément vrai dans notre contexte. Nous pouvons alors nous engager pleinement dans la décision prise suite à cette période de vérification. Quitte à finalement être d’accord avec l’élément mis en doute au départ ! Quelle que soit la conclusion, l’important est de savoir pourquoi le faire et être prêt·e à fournir les efforts nécessaires par la suite.
C’est pourquoi j’utilise l’expression « douter pour aller plus loin ». S’autoriser à ressentir le doute permets de ne pas s’arrêter au premier obstacle, de savoir répondre quand on nous questionne. Accepter en se questionnant permet de profiter du chemin délibérément choisi.
Douter, mais ne pas être indécis
Mes patient·e·s comme mes client·e·s parlent souvent du doute comme d’une chose négative. En creusant un peu ensemble, on se rend vite compte qu’en général, leur doute est en fait de l’indécision. Si le doute est fertile, l’indécision, elle, est toxique.
Lorsque l’on doute, comme nous l’avons expliqué plus tôt, nous avons l’opportunité d’être dans une dynamique active. Mais l’indécision… lorsque le doute laisse place à l’indécision, alors vient la spirale négative : l’indécision limite notre énergie pour aller chercher les informations qui manqueraient encore, limite notre créativité pour imaginer des options, limite notre enthousiasme pour créer ou s’appuyer sur des partenariats, et c’est pire de jour en jour.
L’indécision provient généralement du fait que nous voulons connaitre et contrôler tous les paramètres, comme si notre mental voulait rester le pilote exclusif pour assurer la bonne marche du projet envisagé. Et c’est un magnifique piège, car quoi qu’il en soit, nous n’aurons jamais toutes les informations utiles ! Nous ne pouvons pas prévoir l’avenir.
Il nous faut donc :
- accepter un niveau « raisonnablement suffisant » d’informations
- faire confiance à nos compétences préalables et notre capacité à s’écouter, freiner, réévaluer si nécessaire
- avancer pas à pas
- se faire aider si besoin !
Et enfin décider. Même si tout n’est pas parfait, quitte à prendre une autre décision plus tard, fort·e de l’expérience que nous aura apporté cette première étape.
Douter des autres
Là aussi, cela peut être tout à fait sain et utile ! Bien sûr, dans certains contextes l’autre peut agir en essayant de tirer bénéfice de la situation à notre détriment. Douter des bonnes intentions et rester vigilant·e pourrait éviter bien des déboires.
Pour autant, être méfiant·e a priori et en toute circonstance n’aide pas : cela prend beaucoup de temps et d’énergie, un temps et une énergie qui pourraient être mis à profit de façon bien plus utile. Si le contexte ne semble pas suspect ou si la situation ne comprend pas spécialement d’enjeu, gardons ce doute en « mode minimum » pour profiter de ce qui se passe.
Et si jamais, dans un de ces contextes a priori tranquilles, une alerte interne réveille le doute au-delà du « mode minimum »… écoutons-la ! Posons-nous des questions. Pas de jugement hâtif, juste une vérification. Cela nous évitera quiproquo, films catastrophes et autres désagréments parfois durables.
Douter, et avancer tout de même
Le doute se re-présentera, et c’est très bien ! Même si notre avis est clair et tranché sur un sujet, une nouvelle information, une évolution dans l’expérience de vie, une rencontre, un rien peut amener une nouvelle perspective. Il est alors temps de remettre le doute au travail avant de prendre une nouvelle position ou décision. Le cœur et l’esprit ouvert pour la suite des aventures…
Et vous, dans quelle situation votre doute vous a-t-il déjà été utile ?
Plus d'articles
Responsabilités, jugements, performances, préoccupations, nous nous organisons autour de ce que nous devons faire… et oublions trop souvent les bénéfices et le plaisir du jeu !
Qu’est-ce que être « pleinement présent·e », et à quoi cela sert-il ? En quoi cela peut nous aider à naviguer notre vie de manière plus efficace ?
Crédit photo : Cottonbro Studio, Andrew Neel, Ann H
Partager ce contenu :