Qu’est-ce que être « pleinement présent·e », et à quoi cela sert-il ? En quoi cela peut nous aider à naviguer notre vie de manière plus efficace ?

Nous avons tous des mémoires, des automatismes acquis, des rituels que nous réalisons sans même y faire attention. Ces éléments sont des facilitateurs dans beaucoup des situations de notre quotidien. Pourtant, parfois, ils nous gênent : quand il serait utile que nous apportions une attention délibérée à une personne, à une situation, nous pouvons nous retrouver empêtré·e·s dans une habitude qui s’active malgré nous. Nous nous penchons donc aujourd’hui là-dessus !

Que veut dire « être pleinement présent·e » ?

À mes yeux, c’est toute une mécanique :

• Prendre l’information dans son environnement et en soi
  • Que perçois-je ? Avec mes 5 sens, avec la proprioception (perception de la place du corps dans l’espace), la neuroception (perception des signaux de sécurité ou de menaces), la nociception (perception de la douleur)… mais aussi mes émotions, mes pensées, mes envies d’agir…
• Distinguer les sensations et émotions présentes :
  • Celles qui sont en lien avec le moment présent
  • Celles qui sont des réactivations de mémoires passées
• Traiter l’information recueillie
  • Analyser, comparer, associer, séparer, prioriser…
• Décider de l’action pertinente en restant connecté·e :
  • À mes ressources (compétences, personnes, moyens…)
  • À mes besoins fondamentaux, mes valeurs profondes, ma définition de moi-même, les choix importants de ma vie

La plupart d’entre nous n’observons pas réellement ce qui se passe dans l’instant. De plus, ce que nous appelons « perception » est en réalité une « reconstruction » : nos sens sont limités par ce que notre cerveau est prêt à prendre en considération. Les stimuli sont interprétés par ce que notre cerveau reconnait… donc nous avons tendance à ne pas voir, ni entendre, ni sentir – dans le sens kinesthésique du terme – ce que nous ne connaissons pas déjà au minimum un peu. Donc une information inconnue risque de ne pas être intégrée, ou d’être intégrée comme étant quelque chose que ce n’est pas, mais qui y ressemble.

Cette distorsion de notre mécanisme de perception est renforcée par la couleur émotionnelle de notre mémoire. Donc il est vraiment difficile de prendre l’information pour ce qu’elle est afin de déterminer ce que je veux réellement faire, ici et maintenant ! Et pourtant, pour agir de façon pertinente et durablement bénéfique pour moi et pour mon environnement, j’ai besoin de savoir ce qui se passe, le plus exactement possible.

À quoi sert d’être pleinement présent·e ?

Eckhart Tollé parle du « pouvoir du moment présent », et je crois que cette expression formule précisément l’importance et la puissance de cette façon d’être au monde. Nous n’avons de pouvoir et de puissance qu’en prenant en compte ce qui est, ici et maintenant.

Quand je réussis à faire avec « ce qui est » plutôt qu’avec « ce qui devrait être », « ce qui aurait dû être », « ce qui aurait pu être », etc., je peux exercer mes compétences et faire des choix plus adaptés. Je peux m’ajuster, négocier, préparer, anticiper, avec réalisme et efficacité. Je peux demander de l’aide, je peux proposer des options, je peux aller chercher des informations complémentaires. Mon action sera plus pertinente parce que j’aurais évité de réagir par un automatisme acquis.

Comment être pleinement présent·e ?

Il n’y a pas de secret, c’est un entraînement ! Une habitude à prendre, un muscle à muscler qui, une fois renforcé, nous soutiendra toute la vie. Je dois donc m’entraîner à m’arrêter un peu et prendre le temps de vérifier : dans cette situation, que perçois-je ? Que repèrent chacun de mes sens ? Quel est mon niveau d’énergie ? Quelles sont mes émotions ? Avec quelle intensité se présentent-elles ? Quelles sont mes pensées ? Quelles sont mes envies d’agir ?

Et ceci avec une grande curiosité, sans me juger, simplement en observant ce qui se présente à moi depuis mon environnement, en moi, dans l’interaction entre moi et mon environnement.

Petit à petit, je vais affiner mes ressentis, diversifier mon vocabulaire, percevoir des nuances dans ma façon de m’intéresser à ce qui est, là, maintenant. Et donc, au fur et à mesure, m’habituer à cette curiosité et aux informations qu’elle met à ma disposition.

J’arriverai même, au bout d’un certain temps, à être capable de revenir dans cette capacité de prise d’information et de traitement de l’information quand quelque chose m’aura activée : même si je m’agite intérieurement, mon système saura se calmer suffisamment pour que je puisse à nouveau, délibérément, faire attention à ce qui se passe et en tirer parti.

Être pleinement présent·e… tout le temps ?

Une compétence très utile lorsque je veux « être pleinement présent·e » : m’autoriser à ne pas l’être ! Parfois, laisser fonctionner un automatisme est utile, nous ne sommes pas obligés d’être dans la pleine conscience 24h sur 24 ! Ça peut être une question de repos ou de sécurité par exemple.

Alors, vous sentez-vous prêt·e à être plus pleinement présent·e dans vos vies ?