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Cégéka Développements

Pourquoi et comment accompagner le trauma ?

… Ou plus exactement pourquoi et comment accompagner les personnes souffrant de mémoire traumatique ? Cette question porte en elle toutes les attentions que je veux garder vivantes en moi quand je travaille avec mes clients et patients :

« Personnes souffrant de mémoire traumatique »

Cette formulation me tient à cœur. En effet, aucun événement n’est traumatique (ni traumatisant) en soi. A priori, un « événement traumatique » est une situation dans laquelle le système nerveux d’une personne interprète ce qui se passe comme un danger mortel, une menace directe pour son intégrité (physique ou psychique). Mais :

1. Dans une même situation, chaque personne va vivre l’événement à sa façon, en fonction de son état du moment : son lien avec des événements passés, son niveau d’énergie, les émotions ressenties juste avant, la mécanique de son métabolisme, etc.

2. L’événement à la source de la mémoire traumatique peut même être anodin : le niveau de danger peut être proche de zéro pour toute personne témoin de la scène – ce sera la mécanique interne de la personne qui créera une mémoire traumatique, même si cela semble incompréhensible aux yeux des autres

3. Parfois, il n’y a même pas eu « d’événement traumatique » ! Le Système Nerveux Autonome a enclenché le mécanisme de défense lié au vécu d’un danger mortel alors que l’on pourrait dire que rien ne s’est passé ! Le plus souvent, cela est dû au phénomène de la « goutte d’eau qui fait déborder le vase » : la situation du moment vient perturber la sensation d’intégrité – physique ou psychique – de la personne, une fois de trop.
Ces personnes peuvent être vues comme des affabulatrices (par les autres ou par elles-mêmes d’ailleurs !), alors que leur Système Nerveux Autonome leur envoie vraiment des signaux associés à une mémoire « créée » pour justifier ces signaux : le cerveau préfère une création réaliste plutôt qu’un vide d’explication.

Ce qui est important ici, c’est de comprendre que le « trauma » n’est pas tant l’événement, mais la façon dont la personne réagit par la suite : ce qui pose problème, ce n’est pas l’événement qui a eu lieu dans le passé, mais le comportement automatique associé à la mémoire traumatique qui s’est créé à cette occasion.

Si j’ai échappé à un accident de voiture (= événement dans le passé) et que je réagis par une attaque de panique à chaque fois que mon regard croise une voiture noire (= comportement automatique dans le présent), ce qui rend ma vie difficile, c’est l’attaque de panique, pas l’accident auquel j’ai survécu ! Du coup, cela est vrai même quand la mémoire est « fausse » !

4. J’utilise la formulation « souffrant de » parce que la douleur est utile – et plus ou moins supportable. C’est un mécanisme d’information interne : le corps nous prévient, à l’aide de la sensation de douleur, qu’une action est à mettre en œuvre pour que l’intégrité physique soit préservée ou restaurée. Par exemple : retirer sa main de la proximité de la flamme avant que la peau ne soit brûlée, nettoyer et laisser tranquille un os cassé le temps que le corps répare, etc. Mais la souffrance implique une douleur psychique durable et handicapante sous différents aspects, associée à des pensées et des émotions qui rendent l’expérience encore plus pénible à vivre.

Pourquoi accompagner ces personnes ?

Ces personnes ne sont pas des victimes impuissantes, elles pourraient probablement continuer à vivre sans être accompagnées – après tout, elles sont restées vivantes malgré ce qui leur est arrivé ! Elles ont également développé de réelles forces et compétences.

Alors pourquoi ? Parce que ce n’est pas parce qu’elles peuvent continuer à vivre comme elle le font qu’elles le doivent. Je veux les accompagner pour qu’elles puissent apprendre et réapprendre à piloter leurs vies, à la vivre de façon épanouie. Mon intention est de les aider à comprendre et accepter leurs fonctionnements naturels, pour qu’elles puissent agrandir leur tolérance à la difficulté et rester connectées à leurs ressources quoi qu’il se passe. Ainsi, elles auront plus de choix et de fluidité par la suite, au lieu de réagir par automatismes ou en mode survie.

Comment accompagner ces personnes ?

D’abord et avant tout en validant leur expérience : pour chacune d’entre elles, je ne cherche pas à savoir si ce qu’elle me raconte est « vrai » ou pas : j’accueille et j’explore comment c’est vrai pour elle.

Personnellement, je m’appuie principalement sur la philosophie systémique et constructiviste de la thérapie systémique brève* ainsi que sur les techniques thérapeutiques de la Somatic Experiencing® (développée par le Dr Peter Levine, qui l’a enrichie de la Théorie Polvagale du Dr Stephen Porges).

En Somatic Experiencing®, nous travaillons sur deux axes pour aider les personnes qui viennent nous voir :

  • Leur permettre de développer une capacité fluide à revenir au calme et connectées à leurs ressources quand leur système s’agite : c’est « l’auto-régulation » en cas « d’activation »
  • Leur permettre de libérer l’énergie bloquée dans le corps à l’occasion de l’événement vécu comme un danger mortel : ce blocage est la cause physiologique du Stress Post-Traumatique

Nous faisons cela en discutant bien sûr, mais surtout en « pistant » les réactions corporelles, en travaillant profondément au niveau somatique (parfois en exécutant des mouvements aussi) et en adaptant le rythme du travail pour permettre au Système Nerveux Autonome d’expérimenter de nouvelles façons de réagir à ce qui pourrait jusque-là être vécu comme insécure.

Pour ma part, ce travail est parfois en compagnie et avec l’aide des chevaux, parce que je combine ces pratiques avec l’approche Eponaquest® de Linda Kohanov.

Voilà pourquoi et comment accompagner le traumatisme ! Est-ce que la résolution des traumas est plus claire pour vous ? Pour aller plus loin sur ce sujet, que voudriez-vous que j’aborde ?

*avec un amour particulier pour l’école du paradoxe, la générosité, la précision et le professionnalisme de ses formatrices principales, les Dr Irène Bouaziz et Chantal Gaudin, ainsi que toute l’équipe !

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Crédit photo : Ricky Esquivel

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