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Cégéka Développements

Bien-être au travail : quelles responsabilités pour qui ?

La semaine dernière, nous avons commencé à parler du bien-être au travail, sous l’angle de ce qui dépend directement de moi. Ce vaste sujet méritait bien un article de plus !

Car prendre soin de nous, même au travail, dépend aussi d’un contexte organisationnel et légal plus large. Nous travaillons en relation avec d’autres (clients, fournisseurs, collègues, employeurs, etc.) et dans un contexte (statut professionnel, secteur d’activité, réglementation locale, etc.).

Des obligations et des risques

Lorsque nous sommes salarié.es, notre employeur a des obligations en termes de sécurité et de santé – et lorsque nous nous employons nous-mêmes (indépendants, professions libérales), nous avons aussi des obligations ! Cela au delà du « simple » respect humain, que je pose comme la base de toute relation et de tout cadre d’action collective. Ces obligations, la personne en charge les a car les activités professionnelles comportent de vrais risques (cf. Obligations de l’employeur sur le site Internet Service Public). L’employé mets en jeu sa santé et sa sécurité physique et psychique.

Les obligations de l’employeur

Sans aller chercher le détail qui peut varier selon les branches et les statuts professionnels, en France l’employeur : « doit veiller à la santé et à la sécurité de ses travailleurs en mettant en place des actions de prévention, d’information et de formation. Il doit également évaluer les risques professionnels sur chaque poste de travail. Ces risques sont consignés dans un document. »

Les risques psychosociaux

(Définition adaptée d’un extrait de : Synthèse stat’ – Août 2021 DARES)

« Selon le Collège d’expertise sur le suivi statistique des risques psycho-sociaux au travail, ce qui constitue un risque psychosocial pour la santé n’est pas sa manifestation (qui est en réalité un effet ou une conséquence) mais son origine. Les risques psychosociaux peuvent être définis comme « les risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental. ». La littérature scientifique en épidémiologie a souligné les effets importants de ces facteurs de risques sur les maladies cardio-vasculaires, les problèmes de santé mentales et les troubles musculosquelettiques.

Situés à l’interface de l’individu et de sa situation de travail, les facteurs de risques sont multiples.

Le suivi statistique de ces risques repose sur l’analyse de six dimensions :

  • intensité du travail et temps de travail
  • exigences émotionnelles
  • autonomie
  • rapports sociaux au travail
  • conflits de valeur
  • insécurité de la situation de travail »

Autrement dit : le fait même de réaliser une activité professionnelle, qu’elle soit encadrée par nous-mêmes ou par des employeurs, engendre la possibilité que nous nous fassions du mal. Notre société est organisée comme s’il était normal que ce qui nous permet de vivre (voire qui nous permet de nous épanouir) nous abime d’une façon ou d’une autre ! En tout cas, que ce soit statistiquement suffisamment courant pour que nous devions mettre en place des mesures d’évaluation et des actions correctives.

Pour prendre soin de notre bien-être, nous ne pouvons pas compter sur les seuls éléments organisationnels, sur les actions de la structure professionnelle, même si nous pouvons espérer que les personnes impliquées soient de bonne foi.

Evaluer votre bien-être psychologique : le questionnaire WHO 5

Elaboré par l’Organisation mondiale de la santé, ce questionnaire permet de construire un score de bien-être psychologique à partir de 5 questions (ex. : « au cours des deux dernières semaines je me suis senti bien et de bonne humeur » : 6. Tout le temps, 5. La plupart du temps, 4. Plus de la moitié du temps, 3. Moins de la moitié du temps, 2. De temps en temps, 1. Jamais.). Les personnes dont le score est inférieur à 13 sont considérées comme souffrant d’un déficit de bien-être psychologique.

Donc qui a la responsabilité de mon bien-être au travail ?

Moi.
Et mon employeur.
Cela dépend de quoi on parle.
Cela dépend du contexte.

Responsabilité humaine et responsabilité légale

Responsabilité humaine : les parents ont la responsabilité du bien-être de leurs enfants. Au minimum, une obligation de moyens (faire tout ce qui est en leur pouvoir). Une fois adulte, une personne en santé mentale suffisamment bonne est responsable de son bien-être et ne peut en aucun cas faire reposer cette responsabilité sur quelqu’un d’autre (je ne parle pas ici de morale : c’est tout simplement que faire reposer votre mieux-être sur d’autres ne satisfait pas votre métabolisme). Pour autant… nous devons tous faire avec des circonstances de vie (familiale, sociale, professionnelle…) qui ne nous facilitent pas toujours la tâche !

Cela posé, le Système Nerveux Autonome fonctionne avec cette particularité : lorsque nous agissons pour diminuer les effets de circonstances pénibles – voire toxique – pour nous, il répond par une élévation de ses constantes métaboliques. Autrement dit : même si l’environnement est cause de stress (aigu ou chronique), dès que nous mettons en place quelque chose pour aller mieux, même une petite chose, les effets délétères sur notre santé de ces dites circonstances pénibles/toxiques diminuent ! Et cela est déjà vrai quand nous planifions l’action ! Penser à comment nous allons nous organiser pour ne pas souffrir (ou moins souffrir) d’une situation qui n’est pas vraiment bonne pour nous active les circuits physiologiques de notre mieux être.

Donc : même lorsque l’environnement n’est pas le meilleur pour notre bonne santé durable, prenons la responsabilité d’aller bien, d’aller au mieux possible. Utilisons la plus petite marge de manœuvre à notre disposition pour nous faire, chaque jour, un peu de bien… jusqu’à ce que nous puissions changer plus largement ce qui ne nous va pas (et/ou prendre le large pour nous épanouir ailleurs).

Responsabilité légale : oui, le législateur français a prévu de protéger les salariés. Les indépendants, les professions libérales, ont des mises en œuvre différentes de ce devoir ; référez-vous à vos conventions collectives et aux textes de loi spécifiques pour votre cas particulier. Ce qu’il faut retenir : l’esprit de la loi française est que l’employeur a l’obligation de protéger ses salarié.es de toute cause potentielle de danger pour sa santé physique ou psychique (ce qui est vrai aussi pour l’auto-entrepreneur !)

Donc : si l’environnement professionnel est source de danger ou de risque sur la santé physique ou psychique, nous devons réagir : 1/ le signaler (auprès des syndicats, des CSSCT, de la médecine du travail…), pour que l’employeur prenne les mesures utiles  2/ s’en éloigner, pour garantir notre bonne santé durable (encore une fois, dans la mesure du possible).

Quelles bonnes pratiques ?

« Nul n’est censé ignorer la loi »… cet axiome, très difficile à mettre en œuvre dans nos vies quotidiennes tellement la loi est complexe (informations croisées et dépendant du contexte) et formulée parfois avec un jargon difficile à comprendre quand on n’est pas juriste, s’applique aussi pour notre santé : nous pourrions affirmer « nul n’est censé ignorer ce qui lui fait du bien et ce qui lui est toxique ».

Or, nous vivons dans une société qui nous éloigne de nos processus naturels, donc nous avons du mal à distinguer dans nos actions journalières ce qui est bon pour notre corps et notre psyché de ce qui les met à mal.

Il est donc très important d’évaluer régulièrement à quel point nous sommes en lien avec nos informations internes, et de nous entrainer à écouter les messages portés par notre corps (pour simplifier : via les sensations et les émotions). Rester connecté.es à nos ressources pour 1/ savoir ce qui est bon pour nous ou au contraire toxique, et pour 2/ réagir.

Commençons par porter une attention sur nos réactions. Ainsi, nous pourrons au fur et à mesure ajuster ce qui doit l’être. Par exemple, organisons dans nos agendas des RVs réguliers avec nous-mêmes.

Toutes les deux heures, je prends un quart d’heure pour :

  • Prendre quelques grandes respirations
  • Bouger, m’étirer
  • Boire de l’eau
  • Noter :
    • Les émotions ressenties durant les 2 heures précédentes
    • Les sensations présentes, que j’interroge si je sais le faire (recherche d’information et validation du message reçu)
    • Les pensées associées aux moments plus intenses (en émotions et sensations)
    • Les envies d’agir qui m’ont traversé.e lors de ces moments plus intenses
    • Les comportements que j’ai mis en œuvre

Tous les soirs, je prends 20 minutes pour :

  • Repérer ce qui m’a donné de la joie et de l’énergie – et a contrario ce qui m’en a enlevé
  • Choisir une ou deux situations et les revisiter en :
    • Faisant le lien entre les émotions ressenties et mes besoins fondamentaux et valeurs profondes
    • Explorant les actions possibles par rapport à cette situation et aux besoins et valeurs repérés
    • Prendre du recul sur mes pensées, envies d’agir et comportements : en quoi ai-je agi de façon à garantir ma bonne santé durable ?
    • Me féliciter pour ce que j’ai « bien fait »
    • Définir des actions correctrices si nécessaire
    • Imaginer des options pour « faire mieux » une prochaine fois, au cas où la situation se représenterait (en demandant de l’aide si besoin)

Et tous les jours, je m’organise une alimentation qui me permet de combler mes besoins en tryptophane – acide aminé précurseur de la mélatonine (dite « hormone du sommeil ») et de la sérotonine (autrement appelée « hormone du bien-être ») :

Selon mes goûts alimentaires, au déjeuner :

  • Riz complet
  • Œufs
  • Produits laitiers
  • Viande
  • Légumes variés et riches en vitamines

Et un goûter légèrement sucré :

  • Fruits à coques (noix, amandes, noix de cajou, noisettes…)
  • Chocolat noir (deux carrés, pas besoin de plus !)
  • Produits laitiers (par exemple un yaourt)
  • Banane
  • Levure de bière

Ainsi, même dans un contexte où d’autres doivent répondre à leurs obligations, je prends mes responsabilité. Je mets toutes les chances de mon côté. Et si je suis dans un contexte qui le permet, je fais appel aux structures de soutien.

Et vous, comment prenez-vous soin de vous dans votre réalité professionnelle ?

Documents de référence :
Synthèse stat’ – Août 2021 – Chiffres clefs sur les conditions de travail et la santé au travail, DARES

Conditions de travail (2019), DARES

Conflits de valeurs au travail : qui est concerné et quels liens avec la santé ? (PDF, 565.92 Ko)

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Crédit photo : Marcus Aurelius, Vlada Karpovich

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